lundi 14 janvier 2013

Dernier adieu, au cimetière


Seigneur Jésus-Christ, avant de ressusciter, tu as reposé trois jours en terre. Et depuis ce jour, la tombe des humains est devenue, pour les croyants, signe d’espérance en la résurrection.
Nous te rendons grâce, Seigneur, de nous avoir donné Ariane. Nous venons la remettre entre tes mains.

Au moment de porter Ariane en terre, nous te prions de lui donner de reposer en paix jusqu’au jour où, tous, tu nous appelleras à la vie sans fin. Par le Christ notre Seigneur, Amen.

Bénédiction pour funérailles

Notre célébration va bientôt se terminer.
Nous terminons par un geste d’au-revoir.  Chacun fera le signe qui lui convient, certains pourront utiliser le signe de la croix et l’eau du baptême, d’autres poseront la main sur le cercueil ou l’embrasseront, d’autres se recueilleront un instant, que chacun fasse le signe qui lui convient. Puis nous quitterons l’église et nous rendrons au cimetière.



O Dieu, nous te présentons toute la vie d’Ariane
Nous t’offrons cette richesse de vie, et nous te prions…
Ariane n’est plus avec nous, Nous venons la remettre entre tes mains. Qu’elle soit dans ta lumière.

Par l’eau du baptême tu as tracé sur elle le signe de la Vie, conduis-la à bon port. Et que, selon ta parole, elle trouve place en ta demeure, auprès de toi.
Nous t’en prions, toi qui demeures dans les siècles des siècles. Amen.

Oraison pour funérailles

Nous te prions Seigneur Dieu, devant ce mystère de la mort, dont nous ne savons pas avec certitude s’il ouvre sur le néant ou sur l’éternité ?
De certitude nous n’en avons pas, mais nous avons mis en toi notre confiance, notre espérance.

En ce jour d’adieu, nous te prions de tourner nos cœurs et nos mémoires vers ce que nous avons reçu d’Ariane. Aide-nous à rassembler ces trésors, à les lier en gerbe, et à les poser devant toi pour te dire merci.

En nous séparant d’Ariane, en la laissant partir, nous te la confions.
Bénis Ariane, Seigneur Dieu. Telle est notre prière en Christ, le vivant dans les siècles des siècles. Amen.

Je te prends avec moi, afin que là où je suis, là aussi tu sois.

Certains disent : « Je ne parviens pas à croire, je le souhaiterais mais je n’y parviens pas. » Et à l’occasion de la mort, ils disent encore « J’envie l’espérance des chrétiens, mais je ne peux pas croire à la résurrection. »  Avec la mort de ceux que nous aimons, vient la question : « Où sont-ils maintenant? Les reverrons-nous ? »

Evangile de Jésus Christ selon Saint Jean - Chapitre 14

A l'heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Ne soyez donc pas bouleversés : vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi.  Dans la maison de mon Père, beaucoup pourront trouver leur demeure, sinon, est-ce que je vous aurais dit que je pars vous préparer une place ?  Quand je serai allé vous la préparer, je reviendrai vous prendre avec moi; et là où je suis, vous serez aussi. »


« Ne soyez pas bouleversés » dit Jésus.
Mais comment ne pas l’être ?
Voilà qu’au moment où nous sommes dans la peine, nous proclamons un texte qui dit « ne soyez pas bouleversés ».
Est-ce étrange ?
Est-ce nier la réalité de la mort ?

Il s’agit pour nous de mettre la mort à sa place.
Nous n’essayons pas de nier la mort, nous essayons de nous tenir debout, comme des vivants qui acceptent de tenir dans nos deux mains la vie et la mort.
Tenir à la fois la vie et la mort, c’est tenir à la fois notre vulnérabilité et notre grâce.

Car l’humaine nature est passionnante. Elle est extrêmement talentueuse, créative, aimante. Et aussi elle peut être égoïste, agressive, dominatrice, destructrice. Voilà l’humain.
Parfois la race humaine apparaît dans son incroyable noblesse, parfois dans sa misérable vanité.
Entrer dans la maturité de l’expérience humaine nous fait entrer dans cette nuance : en acceptant de poser un regard nuancé, sur l’humain qui n’est ni tout noir ni tout blanc.

En acceptant de tenir dans nos deux mains la grâce et la pesanteur, la présence et la séparation, nous entrons dans la réalité complexe de l’humain, nous acceptons de ne pas simplifier, mais au contraire, nous acceptons que l’instantané n’est pas le tout de notre réalité. Nous choisissons de porter notre regard au-delà de l’immédiat.


Beaucoup d’entre nous disent « je ne parviens pas à croire, je le souhaiterais mais je n’y parviens pas. Et à l’occasion de la mort, disent encore « J’envie l’espérance des chrétiens, mais je ne peux pas croire à la résurrection. »

Pour ceux qui croient en la résurrection, l'existence n'est pas le point final de la vie.
Dieu suscite de nouveau l'être, d'une façon que nous ne savons pas. Dans la foi, nous confessons que le Christ a vaincu la mort, qu'il s'est levé du tombeau, premier-né d'une multitude.
Mais comment s’en convaincre si l’on ne peut pas y croire ?

Pour ma part je n’ai pas de certitude,
Je n’ai pas de savoir ferme, pas de preuve, mais seulement un choix,
Le choix de la foi.
Ma foi et bousculée, mais elle cultive en moi le ‘peut-être’

Peut-être que c’est vrai qu’ils ont vu Jésus ressuscité.
Peut-être que c’est vrai que Dieu existe et qu’il appelle les vivants à la confiance, et qu’il nous emmène au delà de notre mort.

Si c’est vrai, alors ça change tout. Ça change le sens de la mort, ça change la perspective de l’existence humaine.
Qu’avons-nous à notre disposition pour douter de la résurrection de Jésus ?
Il faut envisager soit une falsification des témoignages, soit un délire collectif touchant une vingtaine de personnes de l’entourage de Jésus.

C’est possible. C’est possible que ce soit une hallucination collective,
C’est possible aussi qu’une falsification ait pris place dans l’entourage de Jésus. Ce serait d’ailleurs assez cynique qu’ils aient choisi de prêcher par un mensonge un Christ qui est le Chemin, la vérité et la vie.

A l’inverse, il est possible d’accorder foi à leur témoignage.
Peut-être que Oui il s’est levé de la mort, et peut-être que Oui nous sommes promis nous aussi à nous lever de la mort ?

Avec la mort de ceux que nous aimons, vient la question : où sont-ils maintenant? Les reverrons-nous ?
Oui, autre chose est en germe, dont l'heure n'est pas encore venue.

La plus belle analogie est celle de la Chrysalide du papillon. Elle semble morte, recroquevillée. Pourtant il en sortira une beauté jamais imaginée, une légèreté qui n'a aucune commune mesure avec la vie rampante de la chenille.

Autre analogie, celle de la graine et de l’arbre. Il y a une telle démesure entre eux! Mais si la graine ne meurt, comment pourrait-elle pousser et finalement porter du fruit? Tombée en terre, elle disparaît à nos yeux. Mais la vie est à l'œuvre.

Dans cet évangile, Jésus dit : « A nouveau je viendrai – je vous prendrai auprès de moi – afin que là où je suis, vous aussi vous soyez. »
Je vous souhaite, comme je le souhaite à Ariane, d’entendre dès aujourd’hui pour vous cette phrase de Dieu : je te prends avec moi, afin que là où je suis, là aussi tu sois.

samedi 5 janvier 2013

How a shepherd visited us


"There were shepherds, living in the fields, watching over their flocks." (The nativity, in Luke's Gospel) 


Nowadays it is still the case.
I traveled frequently through Africa, Maghreb and Palestine; I saw people watching over a handful of sheep and goats. They were often poor people, often children.

Also in Paris, in the middle of the big city, you find poor shepherds.
Here is how one of them came to my parent’s home, on Christmas eve, and sat at our table, sharing with us the champagne and the foie gras, the oysters and the salmon, in the light of the silver chandelier and of the Christmas tree.

It happened when I was around 25 years of age, I was serving in the civil service because I was a consciencious objector. I refused to serve in the military. I served two years instead of one. I chose to serve in a shelter for street boys, in Paris.

One day I found a boy, Franck. He was sitting and begging at the entrance door of the Galleries Lafayette. He was very young, maybe 20 years old, he was dirty, and obviously homeless. I sat next to him and we began to talk. He was a poor uneducated boy, not handsome, skinny, but he was joyful and had many dreams he wanted to achieve. We talked for a long time. Then I gave him the address of our shelter. Later on, he showed up. I took care of him, He got new clothes from the women in the shelter, got Metro tickets, and got hot meals. And I loved to spend time with him and watch him get better.

Christmas was approaching. At that time, I did not live with my parents any more, but Christmas was a time when we would gather at their home together with my three brothers. I was a little concerned about the selfishness of having, year after year, Christmas Eve just among ourselves. Therefore I asked my parents if we could have Franck invited. They accepted it, although reluctantly.

That night, I brought him. He had never been in a house like ours. He had never known such a dinner. He instantly loved my parents and my brothers. He was so happy !
He was the enlightment of that night.

My brothers had presents for him, and he also had brought presents, very modest, and at the same time very touching. My family remembers that Christmas Eve above all !
The shepherd visited us. He brought us the blessing. When I remember this night, my heart rejoices and sings.

Glory to God in the highest – and peace to his people on earth.

vendredi 4 janvier 2013

Solitude d'apôtre


Comme une sentinelle,
comme un envoyé,
il faut aller seul,
d’une solitude
qui permet l'intime, et l'élévation.

Il sont allés seuls, afin d'être vulnérables,
seuls, afin d'être déstabilisés,
seuls, exposés à l'amertume,
seuls comme Dieu est seul,
   trouvant ses délices
      dans la compagnie des humains.



Comme une sentinelle,
     prudente - attentive - observant les positions de l'autre,
comme un envoyé,
     cherchant à nouer le lien - diplomate - chargé de mission,
il faut aller seul,
d’une solitude
qui permet l'intime de la rencontre, et l'élévation de l’échange.

Il sont allés seuls, afin d'être vulnérables,
     afin d’être contestables, de n’être pas des sachants,
seuls, afin d'être déstabilisés,
     obligés de rechercher leurs références, leurs appuis,
     obligés d’entendre quel sens l’autre donne, selon ses valeurs ;
seuls, exposés à l'amertume, de ceux que l’espérance a déçus,
     ceux qui en ont gros sur le cœur, mais n'ont personne à qui le dire,
     ceux dont l'église s'est éloignée.

Seuls comme Dieu est seul,
     car Dieu ne s'avance pas comme une certitude,
     mais comme une confiance, un « si tu veux. »
     et l’apôtre se nourrit du même désir que le Christ,
trouvant ses délices dans la compagnie des humains. (Proverbes 8,31)