Le cheveux gras, coupé à la garçonne, elles avaient gommé leur féminité avec d'amples vêtements qui estompent les formes, comme des adolescentes douloureuses, mal à l’aise
dans leur corps. Leurs seins ne
fleurissent plus comme un hommage à la féminité, invisibles sous le gros pull qui descend jusqu’à mi-cuisse, dissimulant aussi taille et hanches. Une croix
pectorale vient donner le motif de ce massacre : je me néglige pour Jésus. Je me
renie pour être exclusivement à lui.
Personne ne les a forcées à cette ab-négation. Elles y sont peu à peu venues comme
à un geste d’amour.
S’aimer soi-même est la première école du respect, de la bienveillance, de la gratitude : ce merci intérieur qui sait voir le don, le beau, le cadeau, au milieu de nos vies mêlées de grimaces et de sourires. Il faut honorer le don : il faut s'aimer soi-même.
Pourquoi
croyons-nous parfois que s’aimer soi-même c’est mal ??
Notre religion nous encourage-t-elle à cette négligence de soi ?
Cette négligence a un côté malsain, comme la consécration d’une psycho-pathologie. C’est plutôt bon signe que les jeunes ne puissent pas s’identifier à des modèles qui ne s’aiment pas.
Notre religion nous encourage-t-elle à cette négligence de soi ?
Cette négligence a un côté malsain, comme la consécration d’une psycho-pathologie. C’est plutôt bon signe que les jeunes ne puissent pas s’identifier à des modèles qui ne s’aiment pas.
Combien de fois
ai-je imaginé être invité à prêcher pour une communauté de religieuses, et leur
disant : Mes sœurs, aimez vos seins ! Soyez femmes et heureuses de
l’être. Accueillez généreusement ce qui vous est donné. Faites honneur à la
femme que vous êtes, faites honneur au don de Dieu. J’admire
certaines congrégations religieuses qui valorisent la féminité. Les xavières,
avec simplicité, sont des femmes épanouies.
S’aimer soi-même
c’est n’être pas en colère contre mon apparence, contre les traits de mon
visage, ou la texture de mes cheveux. C’est s’interdire de murmurer en soi-même
des paroles de jugement comme « je suis moche ». C’est discipliner
mes humeurs jusqu’à aimer ce corps que je suis. Ce n’est pas
le plus beau, ni le plus solide, ni le plus attirant, mais c’est moi, c’est mon
corps, et je veux m’aimer comme je suis.
S’aimer soi-même
c’est accepter de ne pas être toujours parfait, d’être parfois mauvais, pris en
défaut, et même pris en faute ! C’est s’interdire de murmurer en soi-même
des paroles de condamnation comme « je suis un salaud ».
Accepter… et pourtant ne pas renoncer au combat, pour progresser, pour ne pas rester dans ces fautes, pour savoir demander pardon, pour savoir humblement reconnaître mes tords.
Accepter… et pourtant ne pas renoncer au combat, pour progresser, pour ne pas rester dans ces fautes, pour savoir demander pardon, pour savoir humblement reconnaître mes tords.
S’aimer soi-même
c’est aimer la joie, aimer les plaisirs, savoir ce que (et qui) l’on aime. Dieu
serait-il un rabat-joie ?? Entre recherche vaine et effrénée de plaisirs,
et méfiance pour le plaisirs, n’y a-t-il pas la place pour une joie, une
louange, un amour de la beauté ?
Celui qui s'aperçoit
qu’il est déprimé doit chercher des solutions pour aller mieux – c’est un
devoir sacré ! S’y complaire c’est mal ! Ne pas se soigner, c’est
mal.
Mon ami Toïdi,
togolais, avait cette expression traditionnelle : Voici une personne qui se
respecte. Une personne qui se
respecte a un minimum d’exigence intérieure. Elle se fait respecter. Elle fait
respecter le don de Dieu qu’elle est elle-même. Elle n’est pas esclave des
modes, des jugements. Elle ne se laisse pas enfermer par le regard des autres. Elle
a sa liberté. Elle n’est pas comme les autres. Elle est elle-même, fièrement, simplement,
et avec gratitude.
Elle ne se
néglige pas..