vendredi 19 mai 2017

La lettre que j’aimerais pouvoir t’écrire.


Cher parent, voilà la lettre que j’aimerais pouvoir t’écrire. Ton ado.


* Texte original The Letter Your Teenager Can’t Write You  de Gretchen Schmelzer, psychologue étasunienne. (Traduction Florentine d’Aulnois-Wang).



croissance

« Cher parent:
Ce conflit dans lequel nous sommes là, j’en ai besoin. J’ai besoin de ce combat. Je ne peux pas te le dire parce que je n’ai pas les mots pour …et puis de toute façon ce que je dirais n’aurait pas vraiment de sens. Mais j’ai besoin de ce conflit. Désespérément.
J’ai besoin de te haïr pour le moment, et j’ai besoin que tu y survives. J’ai besoin que tu survives à ma haine, et à celle que tu ressens envers moi. J’ai besoin de ce conflit, même si je le hais. Peu importe la raison de notre différend : horaires, devoirs, linge sale, chambre en bazar, sortir, rester à la maison, partir de la maison, ne pas partir, la vie de famille, petit(e) ami(e), pas d’amis, mauvaises fréquentations… Peu importe. J’ai besoin de me confronter à toi et j’ai besoin que tu me confrontes en retour.
J’ai vraiment besoin que tu tiennes ton bout de la corde. Tiens le pendant que je secoue, pendant que je cherche mes appuis dans ce nouveau monde auquel je sens que j’appartiens désormais. Avant je savais qui j’étais, je savais qui tu étais, je savais qui nous étions. Mais maintenant, je ne sais plus. En ce moment, je cherche mes limites, et parfois je ne peux les sentir  qu’a travers celles que tu me mets quand je te pousse à bout. Repousser tes limites me permet de  découvrir les miennes. Quand je fais ça je me sens exister, et pendant une minute je peux reprendre ma respiration.
Je sais que le tendre enfant que j’étais te manque. Je le sais, parce que ce tendre enfant me manque aussi, c’est pour partie ce qui est tellement douloureux pour moi en ce moment.
J’ai besoin de ce conflit, j’ai besoin de vivre que, quels que soient mes sentiments, mes émotions, aussi forts, aussi durs qu’ils puissent être; ils ne nous détruiront ni toi ni moi. J’ai besoin que tu m’aimes y compris dans le pire de moi-même, même quand il te semble que je ne t’aime pas. J’ai besoin maintenant que ce soit toi qui portes mon amour et le tien. Mon amour pour toi et le tien, mon amour pour moi et le tien.
Je sais combien c’est difficile d’endosser le mauvais rôle, de ne pas se sentir aimé. Je le sais parce que je le vis moi-même.
Cependant j’ai besoin que tu tiennes debout. Va chercher de l’aide auprès d’autres adultes si il le faut, monte un groupe de soutien « survivre à la rage de son ado » si tu veux.  Parce que pour le moment je ne peux pas t’aider…
Juste ne me lâche pas. S’il te plait ne lâche pas ce combat. J’en ai besoin.
C’est ce conflit qui va me montrer que mon ombre n’est pas plus grande que ma lumière. C’est ce conflit qui va m’apprendre que des sentiments négatifs ne signent pas la fin d’une relation. C’est ce conflit qui va m’apprendre à m’écouter même si je dois décevoir.
Et ce conflit là un jour va cesser. Comme l’orage passe. Et je vais l’oublier, et tu vas l’oublier. Et puis il reviendra. Et j’aurai besoin que tu tiennes à nouveau. Je vais en avoir  besoin encore et encore pendant des années.
Je sais que c’est un boulot ingrat.. Probablement je ne te montrerai aucune gratitude pour cela, ou même que je ne reconnaîtrai jamais le rôle que tu as tenu. En fait,je vais même probablement te critiquer pour tout ce travail difficile . Comme si ce que tu fais n’est jamais suffisant. Et pourtant, je compte et je dépends complètement de ta capacité à demeurer en face de moi dans ce conflit. Peu importe combien je gueule, peu importe combien je boude. Peu importe combien je me coupe dans le silence.
S’il te plaît, reste debout et tiens ton bout de la corde. Et sache que tu fais le travail le plus important qui puisse être fait pour moi en ce moment.
Avec amour, ton adolescent.  »


lundi 10 avril 2017

Pâques c'est quoi ?

Le tombeau est ouvert

C'est déjà le Dimanche matin. La nuit vient à peine de virer au jour.
Personne ne sait encore que c'est Pâques.
Dans l'Évangile de Matthieu, la nuit pascale, deux femmes se glissent dehors, elles sont comme les ombres de leur propre peur.
Deux femmes puisqu'il s'agit d'une naissance, mais elles ne le savent pas encore.
Pour l'instant elles retournent au passé.
Un pèlerinage au cimetière est toujours un retour en arrière, elles vont accomplir un rite, comme on porte des chrysanthèmes, elles viennent en souvenir et elles trouvent autre chose, tout à fait autre chose, elles venaient se recroqueviller, se replier : elles trouvent une ouverture.
Le tombeau est ouvert, c'est la déchirure d'une naissance, elles cherchaient un tombeau fermé, clos, elles trouvent une maison ouverte.
La maison du mort est devenue la maison des vivants.
Mais lui, il n'est pas ici ; il est ailleurs.
Pour le voir, il faut aller le chercher. « Il vous précède en Galilée : là vous le verrez. Voilà ce que j'avais à vous dire »
La Galilée, cela veut dire : chez les hommes, la terre des hommes.
Ne restez pas là, enfermés dans vos questions. Arrêtez de tourner en rond, prisonniers de vos tombeaux. « Est-ce que j'ai la foi ? Est-ce que je n'ai plus la foi ? Est-ce qu'il est ressuscité comme ceci ou comme cela ? Est-ce que j'ai des preuves ?  »
Toutes ces questions n'aboutissent qu'à un tombeau fermé.
Mais, voyez, le tombeau est ouvert, ouvert sur un monde nouveau.
Alors, levez-vous, allez ailleurs, plus loin, devant. Sortez de vos propres tombeaux, vous n'êtes déjà plus dans la vraie question.
Jésus-Christ n'est vivant qu'ailleurs. C'est seulement en marchant qu'on voit le Ressuscité. La preuve, regardez : les deux femmes quittent le tombeau vide, elles se mettent en marche !

« Et voici que Jésus vient à leur rencontre »

Jean DEBRUYNNE

Prêtre de la Mission de France 1925-2006

lundi 27 mars 2017

Maudites sur trois générations

Un stress social subi par une souris jeune peut retentir sur le comportement de ses descendants. Serait-ce une démonstration, chez la souris, de cette observation récurrente effectuée chez l'homme par les psychiatres et psychologues : un stress subi par un individu jeune, même sans conséquences visibles, peut retentir sur la santé psychique de ses petits-enfants voire de ses arrière-petits-enfants - ou l'art de cuire à petit feu un "non-dit" familial ?


Par Florence Rosier  -  LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 30.08.2012

Des chercheurs de l'université de médecine Tufts à Boston (Etats-Unis) ont soumis des souris jeunes à un stress chronique. Entre l'âge de 4 à 11 semaines (soit l'"adolescence" et le jeune âge adulte de la souris), douze rongeurs mâles et onze femelles ont été exposés à une "instabilité sociale chronique" : la composition des animaux dans les cages était modifiée fréquemment, de sorte que les souris ne parvenaient pas à établir avec leurs congénères de relations normales, fondées sur une hiérarchie sociale.
Deux mois plus tard, les chercheurs ont évalué par différents tests l'anxiété et les comportements sociaux des souris stressées, qu'ils ont comparés à ceux de leurs congénères non stressées. Leurs résultats sont publiés dans Biological Psychiatry du 18 août. Ils montrent d'abord que les effets de cette instabilité sociale subie dans la jeunesse sont persistants.
Les femelles stressées présentent une anxiété accrue et une sociabilité altérée : une forme de "timidité sociale", qui se traduit par une réticence à interagir avec des souris inconnues. Leur niveau de corticostérone, l'hormone du stress, est augmenté. Les mâles aussi sont affectés, avec une moindre anxiété.
L'équipe de recherche a croisé mâles et femelles stressés entre eux, puis testé leurs descendants, âgés de 2 mois, qui n'avaient pas subi de stress social. Résultats : les mâles ne présentent aucun comportement altéré "visible", mais les femelles manifestent une anxiété accrue et des interactions sociales défectueuses - même lorsqu'elles ne sont pas élevées par leurs parents stressés. "Cela peut s'expliquer parce que la femelle stressée transmet quelque chose à sa fille durant la gestation, par exemple via un niveau de corticostérone accru".

MODE DE TRANSMISSION INÉDIT
Les auteurs ont ensuite croisé les souris F1, issues de parents stressés, entre elles ou avec des souris contrôles. Fait remarquable, seules les femelles - pas les mâles - de la génération F2 montrent des signes d'anxiété et de sociabilité altérée. Les plus atteintes proviennent des mâles F1 issus de parents F0 stressés, alors même que ces mâles ne semblent pas atteints.
Poursuivant leurs croisements, les chercheurs ont testé les animaux de la génération F3 : là encore, seules les femelles manifestent une anxiété et des dispositions sociales défectueuses. Elles semblent hériter de ce comportement par leur père, issu d'un grand-parent F0 stressé. "Nous sommes en présence d'un mode de transmission assez inédit et a priori excitant, analyse Deborah Bourc'his. Il s'agit de caractères transmis par le père apparemment normal, mais qui ne s'expriment que chez les filles, c'est-à-dire dans un contexte hormonal particulier."
Quels pourraient être les mécanismes de cette transmission ? "A ce jour, nous ne pouvons le dire", reconnaît Larry Feig, principal auteur. Trois mécanismes sont possibles. Une transmission génétique, c'est-à-dire par des variations de la séquence d'ADN de certains gènes de la lignée germinale mâle. Une transmission épigénétique, fondée sur des modifications chimiques de l'ADN ou des protéines qui l'entourent, survenant lors de la maturation des spermatozoïdes. Ou bien le mâle réinduirait des caractères anormaux à chaque génération par un comportement anormal (non identifié) qui perturberait sa partenaire...
Deborah Bourc'his reste prudente : "Les auteurs ont eu recours à une lignée de souris hétérogènes sur le plan génétique. C'est sans doute un bon modèle pour l'étude des effets de l'instabilité sociale, mais pour les études épigénétiques toujours très complexes à mener, mieux vaut utiliser des lignées génétiquement homogènes."
Florence Rosier


mardi 21 février 2017

Tout se dégrade, c'est désespérant

Ne te décourage pas s'il te semble parfois que tout se dégrade,
s'il te faut sans cesse réparer, nettoyer, entretenir,
Ne t'étonne pas de l'Impermanence, car elle est une loi de l'univers,
notre monde est ainsi fait, il va vers le désordre et la désorganisation.

Une exception existe.  Cette exception c'est la Vie,
la Vie organise la matière, l'espace et le temps.

Les humains donnent sens
à l'art d'élever une chose vers un plus haut degré d'organisation.
Ainsi, lorsque tu as l'impression que rien n'a de sens, tu peux créer du sens, 
en luttant contre la souffrance par exemple, ou contre l'ignorance, ou contre la violence...


Chaque fois que tu participes à élever ce monde en son degré d'organisation, tu crées.



"Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait".
                                                                                de Mark Twain...



Enchemisé dans les violences de sa nuit, le corps de notre vie est pointillé d’une infinité de parcelles lumineuses coûteuses.
Ah ! Quel sérail. 
                   de René Char


Pourquoi chercher ailleurs,
Dans un pays lointain ?
Le secret du bonheur
Pour ce jour, pour demain.
Ce n’est pas du dehors
Que vient pour toi, pour moi,
Ni du brillant de l’or
Ni du brutal émoi,
Que vient, dis-je, imprévue,
Du plus profond, sans loi,
Des comblés hors de vue,
Vient de nous la vraie Joie.

Henri



"A force d'aller et venir
j'ai fixé mon empreinte dans le champ
et rendu facile le chemin
à ceux qui m'ont suivi.
           Atahualpa Yupanqui