Le tombeau est ouvert
C'est déjà le Dimanche matin. La nuit
vient à peine de virer au jour.
Personne ne sait encore que c'est
Pâques.
Dans l'Évangile de Matthieu, la nuit
pascale, deux femmes se glissent dehors, elles sont comme les ombres de leur
propre peur.
Deux femmes puisqu'il s'agit d'une
naissance, mais elles ne le savent pas encore.
Pour l'instant elles retournent au
passé.
Un pèlerinage au cimetière est toujours
un retour en arrière, elles vont accomplir un rite, comme on porte des
chrysanthèmes, elles viennent en souvenir et elles trouvent autre chose, tout à
fait autre chose, elles venaient se recroqueviller, se replier : elles trouvent
une ouverture.
Le tombeau est ouvert, c'est la
déchirure d'une naissance, elles cherchaient un tombeau fermé, clos, elles
trouvent une maison ouverte.
La maison du mort est devenue la maison
des vivants.
Mais lui, il n'est pas ici ; il est
ailleurs.
Pour le voir, il faut aller le chercher. « Il
vous précède en Galilée : là vous le verrez. Voilà ce que j'avais à vous dire »
La Galilée, cela veut dire : chez les
hommes, la terre des hommes.
Ne restez pas là, enfermés dans vos
questions. Arrêtez de tourner en rond, prisonniers de vos tombeaux. « Est-ce
que j'ai la foi ? Est-ce que je n'ai plus la foi ? Est-ce qu'il est ressuscité
comme ceci ou comme cela ? Est-ce que j'ai des preuves ? »
Toutes ces questions n'aboutissent qu'à
un tombeau fermé.
Mais, voyez, le tombeau est ouvert,
ouvert sur un monde nouveau.
Alors, levez-vous, allez ailleurs, plus
loin, devant. Sortez de vos propres tombeaux, vous n'êtes déjà plus dans la
vraie question.
Jésus-Christ n'est vivant qu'ailleurs.
C'est seulement en marchant qu'on voit le Ressuscité. La preuve, regardez : les
deux femmes quittent le tombeau vide, elles se mettent en marche !
« Et voici que Jésus vient à leur rencontre »
Jean DEBRUYNNE
Prêtre de la Mission de France 1925-2006