jeudi 29 décembre 2016

Demain dès l'aube, je partirai. Je sais que tu m'attends.
Chroniques d'algérie - décembre 2002

Demain dès l'aube, à l'heure ou blanchit la campagne, je partirai.  Je sais que tu m'attends.  J'irai par les forêts, j'irai par les montagnes, je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.  Victor Hugo

Demain vers Alger, puis Biskra.  Vers mon prince, mon bien aimé.
Nouvelle plongée dans ce monde Algérien.  Nouvelle avancée aussi vers cette amitié.  Comment aller vers la joie?  Comme toujours je suis à la fois heureux et inquiet.  J'ai peur de tes réactions, peur que tu me repousses... il me faudra de l'adresse, de la finesse.  Je suis heureux de te gâter un peu.  Je voudrais te pousser, te tirer vers ta réussite.

28 décembre - Air Khalifa - Marseille Alger.  1h15 de retard... comme d'hab.  Jour après jour l'aéroport d'Alger crée des problèmes techniques pour retarder le départ du vol de Marseille. Pourquoi?  sans doute pour faire payer Khalifa?
  A mon arrivée je suis contrôlé à la douane: j'ai avec moi un photocopieur, une machine à écrire, une calculatrice-imprimante, et un fax-téléphone.  Le dernier sera saisi contre taxe: 10 000 Da.  Je ne peux pas payer.  C'est donc saisi par la police, contre un billet de dépôt qui me permettra ?? de le récupérer lors de mon retour en France.  En fait on est clairement en face d'un racket: ils veulent 10 000 Da.  Tout se passe dans le sourire, mais je ne paye pas. Ils sont un peu désolés.  Le chef est appelé qui confirme mais laisse passer le reste.
  Jean et Jean-Marie confirment que c'est la première fois qu'ils vivent ça.  En fait, je me souviens que mes valises étaient marquées de deux traits de craie blanche: peut-être le scanner avait-il vu de l'électronique?  J'aurais donc été ciblé dès le contrôle bagage?
  Le plus étonnant c'est la négociation qui demande 10 000 Da, somme arbitraire pour arrondir les fins de mois des douaniers.  Ils visent des gens riches, et sans scrupules les taxent.  Je prends tout ça avec le sourire: Malesh... c'était des cadeaux que Jacques Perdriau m'a fait pour des prêtres: c'est une bonne chose, mais tant pis pour la perte en cours de route.  Je doute beaucoup de récupérer ce fax à mon retour... mais j'essayerai.
  Crampe au dos (tiens tiens??). Myolastan, en espérant que ça va cesser: ça dure depuis mardi.  Mais je me sens partir dans le sommeil.

29 décembre - l'artisan bijoutier
Seul, dimanche.  Monté au Riad el Feth. Musée du Djihad.  Belle montée depuis le jardin d'essais.  Pizza sur la place.  Je n'ai pas la monnaie... le prix descend de 185 à 170 Da.  Je vais ensuite vers le village des artistes, dans le "bois des Arcades".  Quelques boutiques vieillottes, d'art convenu.  Puis je suis attiré vers une devanture de bijoux anciens.
  J'entre doucement. Les deux hommes ne lèvent pas la tête. M'ont-ils seulement vu?  Je regarde longuement leur travail: ils sont en train de fabriquer des boucles.  Au bout d'un bon moment le plus vieux s'adresse à moi en français "Vous aimez ce travail?  - oui! c'est très beau!  "J'ai eu la visite de Danièle Mitterrand, elle est restée près de deux heures".  On me montre la preuve, la lettre de remerciement qu'elle a écrite.  "Tenez, je vais vous faire la grande démonstration.  C'est toujours les français qui apprécient ce travail.  J'aime."  Et comment alors, pendant une heure, la confection d'une broche en argent.  Tout est fait en argent.  Merveille d'artisanat, avec patience et minutie.  Un ravissement de raffinement et d'industrie.  Voilà la broche qui prend peu à peu forme, sur une plaque d'argent.  Elle est là devant moi.  Il y a serti trois pierres de corail: Joie Simplicité Miséricorde.  Ce bijou a été fait pour moi, et en effet il est fait pour moi. Le porterai-je ?  On le porte à droite si l'on est célibataire, à gauche (côté cœur) si l'on est fiancé, et un de chaque côté si l'on est mariée.
  Le vieil homme a appris son art de son père, à la suite de son grand-mère.  Bijoux berbères traditionnels, avec émaux en Kabylie, sans émaux dans les Aurès.  "Qui reprendra après vous?  - personne, les choses ont beaucoup changé."  Il a souvent travaillé pour le précédent ambassadeur - Meyer?  Quand il était gamin, il travaillait au bled, mais ils sont montés à Alger.  Ce village était l'unique où se faisait cet art du bijou berbère, me dit-il.
  Je sors de là tout heureux après avoir acheté cette broche 800 au lieu de 900Da selon la pesée.  Je m’assois à une terrasse ensoleillée pour goûter cet instant chez Y. Nemchi, artisan.  L'instant est délicieux, raffiné. Joie d'être ici.
  En buvant lentement ce café, je me souviens de la remarque de Hammanour à Ouargla: tu bois ton café rapidement, pourquoi?  Hammanour me manque, par l'impatience de le retrouver demain.  Car demain, taxi vers l'aéroport, vol vers Biskra, et mes bras l'embrasseront.  Dix jours de rencontre.  Je ne sais pas dans quel cadre... Bismillah!

Le myolastan m'assoupit.  Je veux cependant écrire.   "Sarah eut foi, et devint capable..."  Par la foi donc.  Je sais que le désir, la volonté, sont la grande force, celle qui mène bien des choses et des projets à leur réalisation.  Une volonté de fer, comme mon patron Raoult, par exemple.  Voilà pour les caractères riches, pour les leaders.  Il existe cependant une force immense pour ceux qui ne sont pas des leaders, des puissants, des volontés fortes: il existe la confiance (ou la foi, c'est la même chose en latin: la fides).  Car la confiance elle aussi renverse les obstacles et convoque la pâque: la résurrection.  La traversée des obstacles, tunnels, peut se faire par la vertu de la confiance et de la foi.  Elle permet aux pauvres d'aller vers la réalisation; c'est la force historique des pauvres.
[...]
Nuit du 29 au 30
Encore une nuit sans sommeil. Huit mois après, au même endroit, à El Harrach, et avant de m'envoler pour Biskra, de rejoindre le bien-aimé, je me réveille au milieu de la nuit, sans sommeil.    Je ne dirai pas que je brûle, comme je brûlais en avril.  Mais je suis à la fois heureux et comme inquiet.
Une idée dans la nuit: j'achète un petit appart (1 ou 2 pièces) à Biskra. J'y installe Hammanour (atelier) et j'y viens chaque fois que je le veux.  Il y vit seul, et personne d'autre ne peut y habiter sinon lui.  Je paie l'eau et l'électricité. Porte métallique, immeuble récent.  Et dans vingt ans je viens y passer ma retraite.
N'importe quoi... mais ainsi va le rêve d'aimer.  Folie amoureuse.  Tant d'autres avant moi y ont perdu la tête!!

31 décembre
Calme amoureux en face du réel, de sa distance.  Caressé son visage ce matin tandis qu'il s'éveillait. Pas de signe de plaisir.  J'ai un peu forcé la dose sur les cadeaux.  Je l'ai senti un peu écrasé par leur prix.  Pastels et machine à écrire.
  Plusieurs ont fait la même réflexion: Hassan et Lotfi  "il semble que tu n'es jamais parti, il semble que c'était hier."  En effet, me voilà comme à la maison.  J'ai eu aussi une réflexion de Abbas, disant que je suis un homme simple, qui ne se gène pas de s'asseoir à terre, à la hauteur de l'autre.

...

Épuisé par le combat verbal, la lutte pour démontrer, pour avoir raison.  Il n'y a pas en lui de désir d'ouverture ou de découverte, mais il est buté, fermé dans ses certitudes.  Oh pauvre peuple sans ouverture, baignant dans l'ignorance et l'arrogance.  Ai-je pu témoigner de l'évangile ou même de ce que je suis?  Jamais je ne peux développer.  Sans doute apprend-je beaucoup dans cette fraternité de tous les instants, sans doute aussi au-je croisé des hommes plus ouverts que d'autres.  Et j'ai choisi le plus fermé. Intelligent pourtant, mais...

Après le notaire, nous laissons Rhoma qui raccompagne sa sœur à Sidi Okba.  Au soleil d'une terrasse, un jus, puis c'est l'heure de la prière.  Nous allons dans une mosquée du centre-ville. Là, je suggère que je peux me tenir en retrait?  Il hésite puis acquiesce.  Je prie à genoux, assis sur mes talons.
Une main sur mon épaule. Est-ce déjà la fin? C'est le signal que nous nous sommes donné.
  Mais non: un grand noir me fait signe d'avancer, de ne pas rester à l'écart.  Il me parle en français: fais comme moi.  Je fais donc les gestes.  Ce qui m'étonne c'est que cet homme souriant a été tellement plus simple que l'aimé; il m'a simplement fait venir: fais la prière, et c'est Dieu qui voit dans le cœur.  Hammadi est-il un peu vexé? Il se justifie en disant que cet homme m'a pris pour un converti récent.
  Retour à l'atelier. Rhoma est déjà revenu.  Nous partons pour le mariage d'un de ses amis.  Taxi.  Ca se passe dans une école.  Nous sommes accueillis dans la cour par l'époux et son père.  Nous entrons dans la salle.  Il n'y a que des hommes.  C'est une cantine en fait. On nous fait asseoir à une longue table, et les plats sont servis.  La musique hurle si fort qu'il n'est pas question de se parler de part et d'autre de la table; on ne peut que manger.  D'ailleurs ça ne dure pas, nous avons bientôt fini (Hammadi est parti au milieu du dîner pour la prière).  On nous offre des gâteaux et des cacahuètes.  Le retour: taxi puis stop jusqu'à Sidi Okba.
  A la maison Makhloufi je cherche un peu de calme et de solitude, mais on me sert la musique et la conversation.  Par plusieurs fois j'invite Rhoma à passer du temps avec sa famille.  Je suis obligé de lui dire que je souhaite me reposer.  Il me laisse donc.  Arrive Hassan qui sort le Coran.  Hammadi rentre (il a fait du stop avant nous, il nous attendait au magasin de son frère Lotfi).  Fin de soirée: Coran... rien d'un réveillon!

Mercredi 1er
Lever tôt, je vais acheter du pain.  Geste de service.  Petit déjeuner tardif (comme on est long à se mettre en route!!) et café en terrasse.  Là, nous croisons Youssef.  C'est moi qui l'ai vu le premier dans la foule.
Retour.  Saïd.  Soir chez Youssef où nous restons très peu.  Passage par Sidi Okba.  Soir chez Saïd.

2 janvier - Saïd Lahmer de Doulcen
Le lendemain à Doulcen chez Saïd, au bled.  Nous faisons le tour du bled et du souk.  Puis à la maison sur l'herbe entre les palmiers.  Mais il y a tant de choses que l'on ne doit pas faire ... Pas s'asseoir si on est en vue d'une autre maison, pas siffler, pas ceci et pas cela...
  A la fin de la journée j'explose: Vous êtes obsédés par le Shatan.  Je pense tellement ce que je dis que Hammadi et Saïd sont un peu effrayés.  Ils sentent aussi que j'ai raison, qu'ils sont obsédés par le péché et la négativité.  Le mal est partout.  Pauvre peuple qui, comme les chrétiens, a mis au commencement non pas l'amour mais le péché.  Encore un système religieux qui tourne autour de la culpabilité.

Saïd va se marier: il le peut à 29 ans!  Il a un métier, un travail d'enseignant, et même un appartement en duplex, en plein centre du nouveau quartier.  Il est juste fiancé.  Elle a 18 ans, a fait peu d'études.  "C'est difficile de trouver une fille bien.  Je l'ai choisie jeune et peu instruite pour pouvoir la charger (enseigner, former)".
Ce projet me choque. Comment peut-on choisir une jeune fille peu instruite pour la "former" ?? Rhoma a le même projet.  Mais elle ne sera donc pas une partenaire à égalité!  Or c'est pour moi une évidence, le mariage est un partenariat à égalité.
Saïd ne suivra pas ce premier projet. En vérité par la suite il épousera Manal qui est juriste et avocate. Voilà qui réconforte mes valeurs...

8 janvier - Ecouter, c'est aimer
Ce n'est plus la salle de dégrisement, au contraire.  L'amitié a traversé plusieurs stades.  D'une part le renoncement amoureux.  Il s'est fait assez vite.  Merci à l'Islâm et à Hammanour.  Quand l'interdit est absolu, ça structure les relations.  Et par ailleurs, Hammanour ne partage pas mon orientation amoureuse; il veut se marier, et rapidement si possible.  Son attitude avec les enfants est émue et douce.
Hammanour dans le passé a péché; confession à la terrasse d'un café, en présence de Saïd.  Cette expérience l'a sans doute averti de ce qui est vanité.  Mais aussi l'a rapproché de sa religion.  Le voilà donc mûri pour construire, non pour "consommer".

Autre passage que celui du renoncement amoureux, c'est le passage par le conflit, l'envie de partir, de les plante là.  Le sommet de cette déception c'est son refus d'écouter, sa façon d'avoir toujours raison.  Il m'est arrivé de me "mettre en colère" par dépit de trouver Hammanour qui ne m'écoute pas - ne me laisse pas parler - conteste à chaque demi-phrase, et n'est finalement pas intéressé à connaître ma pensée.  La présence d'autres amis a souvent permis que je m'exprime: demandant qu'il me laisse terminer.  Il y a donc eu un moment où je me suis trouvé à bout de patience, avec l'envie d'aller rassembler mes affaires et de partir.  Sand doute cela était-il mêlé de dépit amoureux.

Mardi 7 - Déjeuner avec Jean-Marie Varin.  Bien sûr la conversation avec Hammanour tourne religieuse.  Je suis admiratif de la façon de Jean-Marie de tenir bon, et de réfuter, en ne se laissant pas couper.  Trop de douceur dans le dialogue peut sans doute avoir un effet négatif sur l'échange: cela encourage le dominateur à ne pas écouter.  il faut en effet recadrer le dominateur, pour le service du dialogue, pour qu'il y en ait un !!
Jean-Marie raconte un livre de Gilles Kessel: expansion et déclin de l'islamisme (ce dernier mot, comme celui de christianisme, englobe une large panoplie d'opinions).  Apparaît un homme cultivé, intéressé par ces questions de l'Islâm, et qui raisonne de façon... lettrée, ce qui est rare ici.  Oui Jean-Marie Varin est intéressant, et il sait discuter avec l'Islâm.

Voilà une société qui se cultive peu.  Les opinions se font par la télé et la mosquée.  Israël, Palestine, USA, Irak, ces sujets sont brûlants mais peu instruits, peu renseignés.
  En fait je suis ici dans une société traditionnelle: forte structure familiale et structure religieuse.  Une société finalement très réglementée; et tant de choses qui "ne se font pas".  Siffler, offrir un cadeau à une jeune femme, parler de certains sujets soit lorsqu'il y a des frères, soit en groupe... Je découvre l'Islâm social, qui réglemente beaucoup de choses.  Il est suivi à la lettre, ce qui ancre la société Islamique dans une stabilité qui peut confiner à l'immobilisme...
  Cette société traditionnelle m'est apparue surtout à Aïn Naga, lorsque nous sommes tous allés à la prière: à la sortie, il y avait Hocine, et plus loin devant son père (qui m'a offert une pièce de viande de chameau).  Le père et ses fils prient à la mosquée, vivent là, se marient là...  Tout un système local, villageois.  On comprend ce que signifie "le bled", c'est tout un réseau familial et amical, relations d'enfance et de connaissances.
  Prier à la mosquée, selon le barème du Kùran, c'est 27 fois plus de points (pour le jugement final).  Et donc la mosquée réunit bcp de gens, 5 fois par jour.  Forte pression communautaire, qui pousse à se montrer, à pratiquer en public.

"Boulot d'arabe".  Expression insultante en France, que j'ai retrouvée en moi-même, en voyant l'à-peu-près de tant de travaux.  On ne finit pas les choses, on fait en gros, c'est bâclé, c'est pas achevé, ça reste sale, déglingué, merdique.  Bref c'est pas du boulot.  Porte qui est mal ajustée, pas à la hauteur, peintures qui ont débordé (mais personne n'a retiré le "débordé").  Maisons construite à moitié.  Tout est provisoire.  Ce qui ne manque pas d'une certaine profondeur.  On n'est pas attachés aux choses.  On offre ce que l'on a, sans calculer pour demain.  Il y a a cependant des familles prospères, comme celle où nous avons passé la soirée mardi soir.  La famille Bouchemal a des figuiers, de la terre, une épicerie, une Laguna et une camionette. Grande belle maison, une chambre chacun.  Ce fut une soirée superbe.  Abdelkghani (Khani) est sympa.  Il ne fait pas la prière, et ce mercredi il a RV avec celle qu'il doit épouser.  Il est tout excité.  C'est touchant qu'il m'ait confié ce secret.  Je suis touché de la confiance de ce jeune-homme.  Tous ont entre 25 et 35 ans.  On se marie tard ici.
Saïd lui aussi est prospère.  Je ne sais pas comment il a pu acheter un appartement duplex de 100 000F mais il est prêt à se marier.
Les Makhloufi sont bien pauvres aussi.  Mais tous sont accueillants avec joie et honneur.  Tous veulent inviter l'étranger, partager ce qu'il ont.  La mère de hammanour m'a confectionné une écharpe, aux couleurs de la France et de la Palestine.  Touchant.

A nouveau ma présence a provoqué l'arrêt de toute activité pour Hammanour.  Il était tout à moi, toujours proche, disponible, m'accompagnant partout.
En lui commandant 2 tableaux j'ai pu lui donner 5000 Da.  Je sais que l'argent lui file entre les doigts. Je voudrais qu'il ait de l'argent, enfin qui'l puisse s'établir.  Il a un pb du côté de la décision, ne sachant s'il veut rester ou émigrer: 28ans.  Son père, assis dehors au milieu des pierres et des chèvres lui demande "Mon fils, que fais-tu dans la vie?"  "Je suis" (du verbe suivre).  Hammanour gouli que c'est une bonne réponse.
Son frère Lotfi a ouvert une boutique: papeterie et cassettes islamiques.  Il n'y en avait pas à Sidi Okba.  Ce jeune a les pieds sur terre, plus que Hammanour son aîné.

Le vieux Bouchemal (rencontré chez lui à Aïn Naga) a vécu en France, mais ne parle pas trois mots de français.  Comment?? il n'est donc pas allé rencontrer ni la France ni les français, mais n'est allé chercher que tu travail et de l'argent ?  Dans ses conditions, comment peut-on rencontrer la France telle qu'elle est ??  On n'y rencontre alors que la course à l'argent, et la difficulté de trouver logement, famille, solidarités... c'est à dire qu'on y trouve ce que l'on a apporté: une course à l'argent.  Tant d'algériens trouvent la déception et le repliement.  Je ne le souhaite ni à Rhoma ni à Hammanour.

Merveilleuse soirée mardi 7 à Aïn Naga, avec Daha le timide.  Rhoma et Hammadi, Yacine, Khouri et Kamel (les frères Bouchemal) Messaoud et Aderrazek.  D'abord en ville, puis promenade dans la palmeraie, à l'heure où les lycéens rentrent chez eux.  Pause là où la chamelle a posé le pied (Naga!) et guitare espagnole.  Cette guitare que Nourredine Tabrha a rapporté de l'école, cette guitare nous a beaucoup rassemblés. Les algériens sont extrêmement sensibles à la musique.  J'ai longuement chanté Aïcha (Khaled) en réinventant les paroles: "elle est inscrite en informatique - elle ne m'a même pas regardé".  Je suis passé pour un grand guitariste, simplement par ma capacité à retrouver des airs et à les accompagner.  Il faut travailler ce langage de la musique et du chant, et de la mémorisation.  Hammadi disait: c'est un langage universel.  C'est vrai, il ma faut travailler ça.

11 janvier 2003 - retour vers Marseille.  Aéroport. Mauvais temps.
Déposé par Jean T et Marouane.
Beau séjour qui me donne sûrrement envie de revenir.  Il y a eu pourtant un moment où je me jurais de je plus jamais revenir, ce moment où l'on ne m'écoutait pas, où l 'on ne me laissait pas parler, pour me contredire toujours.  Et puis un peu de distance à rétablir le contact.
Je ne suis plus amoureux.  C'est ma vie d'avoir ainsi des passions raisonnées, des amours que la raison peut faire revenir à l'affection amicale.  Dieu merci.

Avril 2003 - Aérport Marseille Provence, vers Alger.  Que viens-tu faire en Algérie? La joie de ce contact avec une autre culture?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire