lundi 25 mai 2009

Pourquoi les USA ?

Chers tous,
Je me suis promis de vous donner des nouvelles. Plutôt qu'un long récit, pourquoi ne pas tenir pour vous une chronique des premiers jours ? En voici la quatrième page.

C'était aujourd'hui jour de rencontres avec mes professeurs. J'étais introduit par mon ami Joseph Wolyniak auprès d'eux : il a fait ses études à Duke et connaît du monde. Rencontres informelles, au cours desquelles j'ai été interrogé sur les motifs de ma présence, sur mes objectifs, mes conditions de vie… A la fois très accueillant et plein d'acuité. Ces professeurs enseignent en « graduate school », que l'on peut comparer à notre troisième cycle universitaire. Tous les étudiants de ce programme ont fait au moins quatre années d'études dans des domaines très variés : littéraire, artistique, philosophique, parfois scientifique etc. Ils m'ont semblé très disponibles, intéressés par l'arrivée d'un étudiant, désireux de le connaître et de l'aider à se former.

Puis visite de l'université (article de Wikipedia ci-dessous + photos). Belle architecture néo-gothique, façon Oxford en Angleterre. Je trouve l'université superbe ! Je l'avais visitée il y a plusieurs années, lorsque l'un de mes filleul de confirmation avait intégré l'école de médecine : Duke Medical School. Grand arbres, vastes espaces, salle de spectacles, boutiques spécialisée dans les articles aux couleurs de l'université.

C'est que, dans ce pays, l'on porte haut les couleurs de son camp. Les équipes sportives des université voisines s'opposent volontiers : émulation et esprit de compétition. Et quand on est étudiant, on porte des vêtements aux armes de son université. Ainsi m'avez-vous déjà vu porter un sweet-shirt gris marqué « NC State » avec un drapeau US : car c'est à l'université de l'Etat de Caroline du Nord que j'avais travaillé deux ans (90-92) comme associé de recherche. De même me verrez-vous désormais arborer les couleurs de Duke. Bleu marine, et DUKE en bien gros sur les pectoraux.

L'inscription universitaire est très chère. Mais la prestation est à la hauteur. Tout est à nos pieds pour nous permettre de travailler à fond, bibliothèques calmes et studieuses, ordinateurs partout en libre-service (à condition d'avoir un numéro de carte d'étudiant), imprimantes à disposition. Les professeurs tentent d'être disponibles pour nous guider dans nos travaux, bref c'est toute une culture de l'effort et du mérite.

Comme les autres universités US, Duke est un lieu de vie complet : on peut n'en pas sortir, y manger, dormir, se vêtir, se divertir, travailler, envoyer du courrier, retirer de l'argent, trouver un petit job, tout est là. On peut aller au gymnase, chanter dans une chorale, participer à une association politique, caritative, artistique… Une ville dans la ville. Une vie dans la vie.

Il n'en sera pas ainsi pour moi. Je vis ailleurs, avec les frères franciscains, à 30 minutes de là. Je participe à la vie de la paroisse et j'ai mes amis à Raleigh, la ville voisine. Je ne suis pas un étudiant typique. Beaucoup sont très jeunes, moins de trente ans. Mon arrivée rassure certains professeurs, qui voient en moi un étudiant « senior », arrivant avec 10 ans de prêtrise, 20 ans de recherche scientifique, et un peu plus de bouteille que les « kids ». Sans doute, mais je sais aussi que j'ai moins de vivacité et de mémoire que les kids, moins de capacité à dormir peu, et les yeux presbytes…

La rentrée approche. Déjà je me fournis les listes de livres, j'essaie de me les procurer à meilleur compte sur ebay et dans les « bourses aux livres ». Il me faudra choisir un professeur et lui demander d'être mon tuteur. J'ai une idée sur la question, mais je n'ai pas encore pu le lui demander. Il est spécialisé en éthique médicale, en particulier sur les questions de la fin de vie.





Lorsqu'il y a un an, au cours d'un séjour à Raleigh, les franciscains m'ont proposé « Viens vivre avec nous », j'ai été stupéfait. Stupéfait de leur confiance et de leur façons entreprenantes. J'ai hésité, j'ai répondu que j'ai été ordonné pour être envoyé en milieu professionnel, et auprès de ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne. J'ai répondu que si je venais, ce serait soit pour trouver un emploi, soit pour faire des études. Ils ont dit d'accord.

Or les responsables de Communauté Mission de France étaient déjà venu me rencontrer : « Voilà dix ans que tu es à Marseille. Dis-nous quels sont tes goûts, tes compétences, pour que nous puissions te faire une proposition nouvelle. » Le projet d'une réflexion sur la bioéthique m'intéressait déjà depuis quelques années, et ils m'y encourageaient. Pourquoi pas une formation universitaire ? Une réflexion sur ma pratique professionnelle qui consistait à créer des outils diagnostiques en cancérologie ? Quelles en sont les implications éthiques ? Comment mieux aider ceux qui sont concernés : les patients, leurs familles, et les équipes médicales ?

La proposition des franciscains me surprenait, mais arrivait comme une possibilité pleine de richesse et de potentiel. Pourquoi pas ? Il faut essayer, poser ma candidature, chercher des financements, on verra bien. Si ça marchait, quel beau projet ! Vous connaissez la suite. J'y suis, et j'ai l'intention de m'y donner à plein ! Je suis empli de reconnaissance pour les franciscains qui m'ont fait une proposition claire, dans laquelle je pouvais me projeter, et autour de laquelle je pouvais élaborer, tandis qu'une proposition imprécise m'aurait obligé à « mendier » des financements.

Dans ce projet j'ai reçu mille soutiens et coups de main, mille encouragements. Le billet d'avion m'a été offert, des lettres de recommandation ont soutenu ma candidature, j'ai été aidé dans la rédaction de mon curriculum et de mes dossiers (« Décrivez vos projets et objectifs »). Une vieille amie m'a proposé de stocker mes cartons, bref tout s'accordait pour que le projet se transforme peu à peu en réalité. Je dois beaucoup à tous ceux qui m'ont ainsi soutenu.

Je vous embrasse.

Antoine
Post Scriptum. Un service à vous demander: s'il vous est revenu aux oreilles que j'ai eu la maladresse d'oublier telle ou telle personne dans ma liste d'envoi, auriez-vous la bonté de m'envoyer leur adresse électronique ?